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LE MAJOR OTHENIN

le club

Fils d'un menuisier, François OTHENIN, né à BEAUZEE sur AIRE (Meuse) le 19 février 1770, s'enrôle le 25.08.1791 au 2ème Bataillon de la Meuse. Caporal le 9 brumaire an II, sergent le 20 ventôse suivant, adjudant le 19 frimaire an IV, lieutenant le 13 prairial an VIII, capitaine le 16 nivôse an XIII, il fit parti des armées de Belgique, du Nord, de Sambre et Meuse, de Mayenne, du Danube, d'Helvétie, et du Rhin. Au cours de ses glorieuses campagnes, il fut blessé à MUTTERTHAL en 1799, et fait prisonnier en 1800. Le 1er octobre 1811, il fut nommé chef de bataillon au 33ème de ligne. Ayant pris part à la campagne de Russie avec le 2ième Corps, OTHENIN fut à nouveau grièvement blessé à la Moskowa..

OTHENIN A COMPIEGNE

Le 28 janvier 1814, OTHENIN, est nommé Major au 136ème de ligne à COMPIEGNE. Les troupes coalisés, qui n'avaient rencontré aucune résistance à NOYON, se dirigèrent sur BOULOGNE LA GRASSE pour détruire le télégraphe aérien élevé sur la montagne de ce village, puis s'avancèrent sur COMPIEGNE. Le Major OTHENIN prit alors toutes les mesures nécessaires pour défendre la ville et résister le plus longtemps possible. Le 13 mars, il ne restait à OTHENIN que 38 hommes du 14ème de ligne, 66 gendarmes à cheval et 9 officiers de la Garde Polonaise, mais les habitants de COMPIEGNE aidaient à la garde des postes. Napoléon attachait une importance capitale à la conservation de COMPIEGNE, qui constituait une défense avancée de PARIS. Il y envoya le 6ème Bataillon des Voltigeurs de la Garde, ce qui porta la garnison à 645 hommes.

UNE RESISTANCE HEROIQUE

L'ennemi avait lui aussi compris l'importance stratégique de COMPIEGNE et attaquait sans répit. Les Compiègnois se joignirent au faible effectif des défenseurs. L'attitude des Compiègnois fut telle que l'aide de camp PRADZYNSKI écrivit au Général Polonais DOMBROVSKY : "Nos officiers ne peuvent donner assez d'éloges aux Compiègnois ainsi qu'aux habitants des environs, leur bonne conduite et leur zèle sont au dessus de tout éloge".

Le 21 mars, deux bataillons vinrent renforcer la garnison, mais 18 000 hommes se ruaient sur la ville et le 31 mars, l'ennemi pénétrait dans le parc du Château, tandis qu'une batterie Russe installée dans le grand parc bombardait le château.

LA MORT DU HEROS

François OTHENIN se multipliait pour entretenir les courages, "Qui donnera l'exemple, si ce n'est moi ?".Le 1er avril à 2 heures et demie de l'après-midi, OTHENIN vit sur la terrasse du château une jeune recrue qui manœuvrait maladroitement son fusil. Il lui pris l'arme des mains afin de lui montrer la façon de s'en servir, mais à ce moment une balle l'atteignit en pleine poitrine. On transporta le Major à son domicile, rue Saint-Jacques (18, rue Pierre Sauvage). OTHENIN ne s'inquiétait que de la ville : "Où en sont nos affaires, l'ennemi est-il entré ?". "Non", lui répondit-on. "J'avais bien dit qu'ils n'entreraient pas". Vers minuit et demi, on apprend à OTHENIN que l'ennemi s'est retiré : "Adieu, mes amis, "dit-il", je meurs content. Vivent Dieu, la France et l'Empereur". Un quart d'heure plus tard OTHENIN rendait le dernier soupir. La ville ne capitula que lorsque les coalisés furent entrés dans PARIS.

L'HOMMAGE DE COMPIEGNE A OTHENIN

Le 3 avril, la ville en larmes fit d'émouvantes funérailles à son héros. 44 ans plus tard, le 6 janvier 1858, le Conseil municipal donnait à la rue de Chartres le nom d'OTHENIN et le 21 mars 1865 faisait placer au cimetière Clamart une pierre tumulaire à la mémoire du Major. Plus tard, la ville de COMPIEGNE lui élevait à l'entrée du Cours (actuel cours Guynemer), une statue qui fut inaugurée le 15 juillet 1914.

Mais, 127 ans plus tard COMPIEGNE devait perdre son héros pour la seconde fois. Réclamée par la loi du 11 octobre 1941 la statue d'OTHENIN partit à la refonte. Le lundi 22 décembre, le socle qui la supportait se trouva vide; enlevé aussi le médaillon rappelant les traits de Monsieur de LANCRY, Maire de COMPIEGNE qui coopéra à la défense de la ville en 1814. Tout un passé de gloire et d'honneur s'effaçait par cette double disparition. Les Compiègnois, tout en se réjouissant d'avoir réussi à conserver la statut de Jeanne d'Arc condamnée elle aussi à aller à la refonte, regrettèrent néanmoins vivement d'avoir dû sacrifier celle du Major OTHENIN. Le souvenir du glorieux soldat devait rester dans les cœurs des Compiègnois.

1966 : On ne trouvait plus trace de la sépulture du glorieux soldat inhumé au cimetière Clamart, dans la rue du même nom. Ce cimetière étant désaffecté, la municipalité décida de le déblayer et d'y installer un square devant la salle des sports.

Les Beaux-Arts acceptèrent avec quelques réticences à condition toutefois que l'on gardât dans un coin du square un souvenir de l'ancien cimetière. On conserva la porte en arc qu'on transporta, ainsi que deux tombeaux choisis parmi les plus anciens et les plus marquants. Et, entre ces deux tombes fut déposé la pierre tumulaire gravée à la mémoire du Major OTHENIN. Cet ensemble est placé en contre-bas entouré de pentes de gazon; les tombes encadrent la pierre, dalle très modeste correspondant bien au caractère d'humilité du grand soldat.